Le Nutri-Score et le fromage

Des lettres et des couleurs… C’est à cela que l’on reconnaît le Nutriscore. Indiqué sur la note de valeurs nutritionnelles de chaque produit, il permet de savoir si un produit est bon pour l’alimentation ou non. Mais est-ce que le Nutriscore s’applique-t-il aussi aux produits laitiers comme le fromage ? Le classement des produits est-il bien vu par tous les producteurs ? Éléments de réponse.

Nutriscore : quelle est son origine ?

Chaque consommateur détient le droit d’être informé et d’accéder aux bases nutritionnelles ainsi qu’à la liste des ingrédients dérivés de chaque produit. C’est pourquoi, créé en 2014, le Nutriscore a été mis en place afin de faciliter la compréhension des informations nourricières par les consommateurs. S’agissant d’un système d’étiquetage nutritionnel, il permet aussi d’aider à orienter les choix lors de l’achat d’un produit alimentaire.

Connu de tous sous forme d’un logo sur tous les emballages, le NutriScore informe sur la qualité nutritionnelle. Présentant cinq niveaux associés à des lettres allant de A à E, il optimise son accessibilité suivant cinq couleurs distinctes : du vert foncé au rouge.

Sur quoi se base le Nutri Score ?

Généralement, chaque produit se voit attribuer un logo unique sur la base d’un score. Celui-ci prend en compte la teneur :

• en nutriments et aliments à privilégier (légumes, légumineuses, fruits, protéines, fibres, huiles de colza, de noix et d’olive) ;

• en nutriments à limiter (sucre, sel, acides gras saturés, apport calorique).

Pour 100 g ou 100 mL de produit, il est ainsi possible de classer les aliments suivant leur recommandation en termes de santé et d’alimentation. Par ailleurs, cette disposition participe à la réduction et à la lutte contre l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires.

Plus le score est faible, plus un produit est décrété comme sain et donc à inclure dans l’alimentation. Comme quoi, tout produit assigné d’un Nutriscore « A » de couleur vert foncé est meilleur pour la santé. Ce qui est à l’inverse des produits cotés D ou E, comme l’huile, aussi de bonne qualité qu’elle soit ; sont extrêmement gras.

Ce système de points invite alors à réfléchir avant de faire son choix sur un produit. Par-dessus tout, la décision mérite plus de réflexion, lorsqu’il est question de :

• fromages ;

• boissons ;

• matières grasses.

Le Nutri Score et le fromage : un vrai casse-tête !

Aujourd’hui encore, près de 90 % des fromages sont classés en D ou en E. Ce qui signifie qu’il s’agit d’un aliment malsain, selon son score. D’autant plus que sa consommation journalière est réduite à 30 g par jour, et non 100 g comme il a été mal calculé, par le Nutriscore. Par conséquent, il est impossible de faire un choix rationnel, en ce qui concerne le fromage.

Comme il s’agit d’un produit contenant obligatoirement du sel et de la matière grasse, il est automatiquement renvoyé en bas du classement des aliments. Rien que les fromages labellisés d’Appellation d’Origine Certifiée (AOP) et d’Indication Géographique Protégée (IGP), sont notés D et E (environ 93 % et 6 % respectivement). Alors qu’il est connu que la production de ces fromages requiert le respect d’un cahier des charges strict. De sorte que le grammage, les procédures, le salage et la durée d’affinage doivent être précis et donc non modifiés.

Le Nutri Score : mal vu par les producteurs de fromages AOP !

La filière fromagerie s’oppose particulièrement au Nutriscore. En effet, les fromages sont mal classés. Pourquoi évaluer la richesse nutritionnelle du fromage sur la base de 100 g alors que la consommation journalière est de 30 g ? D’ailleurs, qui a dit que le gras contenu dans le fromage constitue du « mauvais gras » ? Cela suppose de ce fait qu’un fromage fabriqué traditionnellement, à partir d’ingrédients naturels sous procédures simples, se retrouve surclassé au détriment des produits ultra-transformés (riche en additifs).

Par exemple, les bleus sont classés en E parce qu’ils contiennent énormément de sel. Mais serait-ce un véritable fromage s’il n’était pas salé à point ? Sans oublier que le sel est un élément conservateur, tout comme le fromage, qui est gras de nature.

Il faut dire que le Nutri Score néglige l’apport en calcium et en protéines des produits laitiers. Par exemple, le roquefort contient environ 32,1 g de matière grasse pour 100 g estimés à 365 kcal. En somme, il renferme 19,1 g de protéine et 662 mg de calcium. Soit assez pour répondre aux 950 mg de calcium dont un adulte a besoin au quotidien. Cependant, classé E, sa saturation en sel et en gras lui fait défaut. Mais est-ce suffisant pour dire qu’il est mauvais pour la santé ? Sinon, n’exige-t-il pas plutôt une consommation raisonnable ? 

Les diététiciens-nutritionnistes ont leur mot à dire !

Comme le Nutri Score est calculé à partir de certains paramètres, il est facile pour un consommateur de porter son dévolu sur un produit plutôt qu’un autre. Certes, il s’agit d’un outil de guidage. Néanmoins, il ne prend pas en compte le degré de transformation de l’aliment. Pour dire que le Nutri Score fournit des informations incomplètes sur la véritable valeur nutritionnelle d’un produit.

Dès lors, il est impossible de dire si un fromage est réellement bon ou mauvais pour la santé, seulement en se référant au logo collé sur l’emballage. Au contraire, même s’il peut être important pour certains de prendre en compte la teneur en gras d’un fromage avant de le consommer, cela n’est pas une raison suffisante pour le bannir de toute alimentation équilibrée.

Étant un produit laitier, et donc réputé pour ses vertus et sa richesse, il ne faut pas oublier que le fromage recèle toute une abondance de minéraux et de vitamines dont l’organisme a besoin.

Le fin mot de l’histoire !

Peut-on se fier au Nutri Score pour une meilleure alimentation ? La notation Nutri Score néglige les micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments, calcium) pourtant indispensables à la bonne santé. De plus, l’alimentation ne se résume pas à la quantité de gras contenue dans un produit ni à son apport énergétique. Pour favoriser le bien-être, la santé et l’équilibre alimentaire, le secret réside dans une consommation variée et bien composée.