Chirurgie de l'obésité

Publié le 12 janvier 2022, mis à jour le 4 mars 2023

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Marine
Diététicienne Nutritionniste et Co-fondatrice de Madietenligne

Pour les personnes qui souffrent d’une forme d’obésité sévère, la chirurgie est très souvent la solution proposée par le médecin. Elle permet de réduire l’absorption des aliments ainsi que leur assimilation par l’organisme. Ce qui conduit à une perte de poids évidente. Toutefois, l’opération doit être encadrée par une équipe médicale et un suivi à vie est nécessaire après la chirurgie.

Comment se passe la chirurgie de l’obésité ou chirurgie bariatrique ? Qui peut en bénéficier et quelles sont les différentes techniques qui existent ? Les détails.

Qu’est-ce que la chirurgie de l’obésité ?

Eh bien, il s’agit tout simplement d’une opération chirurgicale qui permet de traiter l’obésité, elle peut être mise en place pour les types d'obésité les plus sévères. Elle consiste à réduire le système digestif afin de diminuer la capacité de la personne à absorber des aliments. Ainsi, la personne perd du poids et les complications liées à l’obésité diminuent.

Les conditions pour bénéficier d’une chirurgie de l’obésité

La chirurgie bariatrique est très encadré et très codifié. Pour en bénéficier, le patient doit répondre à plusieurs critères précisés depuis le 4 janvier 2019 par l’Union nationale des caisses d’assurance maladie sur la base des recommandations émises par la Haute Autorité de santé en 2009 et en 2016 :

  • avoir un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 40 ; ou un IMC à 35 associé à une comorbidité ;

  • avoir bénéficié d’une prise en charge pluridisciplinaire pendant six à douze mois afin de perdre du poids ou de le stabiliser

  • être âgé de 18 à 60 ans.

Les contre-indications

Une seule de ces contre-indications suffit pour expliquer un refus de l’équipe médicale à une chirurgie de l’obésité :

  • troubles du comportement alimentaire ;

  • troubles psychiques, cognitifs ou mentaux sévères ;

  • dépendance à l’alcool ou au tabac ;

  • maladie qui met en jeu le pronostic vital à court ou moyen terme ;

  • maladie inflammatoire du tube digestif ;

  • absence de prise en charge médicale, nutritionnelle, diététique et psychothérapeutique bien suivie au cours de ces six à douze derniers mois

  • contre-indication à une anesthésie générale.

Les différentes chirurgies de l’obésité

Il existe plusieurs techniques de chirurgie de l’obésité. Dans tous les cas, elles ne peuvent être programmées qu’après consultation de divers spécialistes : médecin nutritionniste, gastro-entérologue, endocrinologue, chirurgien digestif, anesthésiste, psychiatre.

Le bypass gastrique avec anse en Y

C’est la chirurgie de l’obésité présentée en première intention aux patients. Réalisée depuis plus de vingt ans, elle propose les meilleurs résultats sur le long terme.

Le bypass gastrique est une intervention compliquée qui consiste à connecter le bas de l’œsophage ainsi qu’une petite partie de la partie supérieure de l’estomac à une anse de l’intestin grêle. Ce qui permet de court-circuiter une partie de l’estomac qui ne reçoit plus d’aliments. Ceux-ci arrivent en effet directement dans l’intestin grêle en passant par la petite poche de l’estomac qui reste.

Le by pass gastrique permet de :

  • ralentir le passage des aliments ;

  • diminuer l’appétit ;

  • digérer les aliments de manière incomplète (malabsorption) ;

  • avoir une sensation de malaise quand on absorbe une trop grande quantité d’aliments (dumping syndrome).

L’opération dure entre une heure à trois heures et nécessite une hospitalisation de 3 à 5 jours s’il n’y a pas de complication. Elle est réalisée sous anesthésie générale par cœlioscopie ou laparotomie si la première technique n’est pas possible. Les complications postopératoires (abcès, fistules, hémorragies ou perforation d’organes creux) sont rares. En outre, on observe rarement de complications à distance qui peuvent être potentiellement graves : douleurs abdominales, vomissements, ulcères de l’estomac, sténose des anastomoses intestinales, impossibilité de s’alimenter et carences nutritionnelles. Ainsi, une supplémentation en vitamine sur le long terme est nécessaire.

La perte de poids est de l’ordre de 70 à 75 % de l’excès de poids.

Le mini by pass

C’est une version moins compliquée du by pass gastrique classique. Ainsi, le principe reste le même, mais l’opération est réversible.

La taille de l’estomac est peu réduite et l’anse est en oméga au lieu d’être en Y.

Le mini by pass gastrique peut provoquer un reflux biliaire avec des brûlures et des régurgitations amères.

La gastroplastie

Elle consiste à diviser l’estomac en deux poches : une petite poche supérieure de 15 cm3, soit 3 cuillères à soupe, reliée à l’œsophage et une poche inférieure de plus grande taille.

Lorsque la personne mange, la partie supérieure de l’estomac se remplit rapidement et se dilate. Ce qui va stimuler le centre de satiété. La personne va donc moins manger.

La gastroplastie peut être réalisée selon deux techniques :

  • pose d’un anneau gastrique :

  • ou agrafage vertical.

Toutefois, cette deuxième technique n’est plus réalisée à cause de ses échecs et des nombreuses complications qu’elle entraîne.

La gastrectomie longitudinale ou sleeve gastrectomie

Cette chirurgie est la plus pratiquée en France. Elle est proposée aux patients dont le by-pass gastrique peut présenter des risques. Il s’agit d’une intervention dite restrictive qui consiste à réduire la taille de l’estomac de plus de deux tiers. Notamment la partie qui secrète la ghréline pour diminuer l’appétit. Celui-ci prend alors la forme d’un tube vertical, ce qui fait que les aliments passent plus rapidement dans les intestins.

La sleeve gastrectomie est réalisée sous anesthésie générale par cœlioscopie. Elle dure d’une à deux heures et est irréversible. L’hospitalisation varie entre 3 à 5 jours. Les risques de complication (abcès et fistules) sont rares, de l’ordre de 4 %. De même, les carences en vitamines ainsi que les risques de dénutrition sont quasi nuls. Par contre, un suivi pluridisciplinaire est nécessaire. De plus, le patient doit modifier ses habitudes alimentaires à raison de 3 repas et 2 collations de petite quantité par jour pour éviter les vomissements.

La perte de poids est de l’ordre de 45 à 65 % de l’excès de poids. Le recul sur ces résultats est de deux ans.

L’anneau gastrique

C’est un anneau de diamètre modifiable que l’on pose sur la partie supérieure de l’estomac afin d’avoir une petite poche gastrique qui se remplit rapidement quand on mange. Ce qui permet d’avoir rapidement une sensation de satiété. L’anneau gastrique est relié à un boîtier placé sous la peau que le patient peut resserrer ou desserrer pour ajuster la restriction alimentaire.

La pose d’un anneau gastrique est la seule chirurgie de l’obésité réversible. En cas d’inconfort, de complication ou d’inefficacité, il est possible en effet de le retirer.

La perte de poids est de l’ordre de 40 à 60 % de l’excès de poids. Elle est progressive.

La dérivation bilio-pancréatique

Elle est réservée aux patients ayant un IMC supérieur ou égal à 55. Cette technique présente d’importantes complications postopératoires. A long terme, le patient peut souffrir de malnutrition (carence en vitamines et en calcium) et de déshydratation due aux selles diarrhéiques.

L’opération est réalisée sous anesthésie générale. Elle dure environ quatre heures. Le principe consiste à faire rencontrer les sécrétions bilio-pancréatiques avec les aliments au niveau de la partie terminale de l’intestin grêle. Ainsi, les aliments ingérés sont faiblement réabsorbés.

Le suivi postopératoire

Il est assuré par le médecin traitant en collaboration avec l’équipe médico-chirurgicale tous les ans. La première année, le patient doit prendre rendez-vous avec son médecin traitant pendant au moins quatre fois, après, il doit être suivi au moins une à deux fois chaque année. Il est recommandé en parallèle qu’il soit suivi par un diététicien spécialisé.

Ces contrôles permettent de :

  • surveiller les complications chirurgicales, médicales et nutritionnelles afin de les prendre en charge rapidement ;

  • adapter les traitements des pathologies dont souffre le patient ;

  • dépister les éventuels troubles psychologiques dont peut souffrir le patient à cause du changement du corps. Et proposer un suivi psychologique le cas échéant ;

  • prendre en charge d’éventuelles prises de poids.

Le suivi postopératoire est obligatoire pour tous les patients, quelle que soit la chirurgie bariatrique réalisée.

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